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CHAPITRE II
LA MESSE DU SABBAT


Office désespéré et morne, dépouillé d’alleluia, auquel il faut pardonner un peu pour sa dolence, ses rites fantomatiques, son indécision, son incertitude désolée, l’effort de son ombre ! Si le sabbat est joyeux jusqu’à l’immondice, la messe du sabbat est terne, décolorée, crépusculaire, comme édentée.

Michelet n’a pas saisi cet aspect du Diable d’être tout à coup sans force, reculé, obscur. Le Grand Nègre, le bon Bouc paillard, le phallus en éveil, la révolte des sens et de la liberté, voilà ce qu’il a vu, ce qui caractérise le sabbat, non point toute sa messe. Deux diables en effet, le dieu Pan, l’Incube, le drille solide et à point, dont le gabarit est le gouvernail du monde — puis le mélancolique fugitif, le plaignant qui n’a presque plus de voix, le forcené assis sur une pierre druidique, s’enlisant dans le rêve de son passé, vieillard qui renonce à la lutte, n’esquisse ses gestes sacrilèges qu’avec la lassitude des moribonds, n’existe plus que par le souvenir de lui-même, — plus guère que le monstre d’une image !