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LES MESSES NOIRES

à Jésus : Rabboni... etc. Ce mot (Rabboni, maître) devient un talisman, bien plus un personnage, bien mieux un saint. Les femmes, agitées par des inquiétudes de ménage, vont là-haut prier saint Rabboni de « rabonnir » leurs mauvais maris, parfois sans doute leur demandant de les « rabonnir, jusqu’à la mort ».

La foi n’est pas absente, mais rapetissée, mise à la geôle : on ne sait quoi de morne alourdit les âmes, épaissit l’entendement. La messe sert à tout. Dieu qui descend dans l’hostie doit infuser à ce qui avoisine ce miracle une force incomparable. Superstition qui veut une fatalité dans les dons du Christ et, profitant de cette infusion d’un dieu en ce pain et en ce vin, l’oblige dès lors à fortifier les adultères, les honteux négoces, la prostitution, le massacre — et jusqu’à la puissance des démons. Poussés par des grands seigneurs libertins ou ambitieux, des bourgeois curieux, le sorcier et la sorcière, prêtres, femmes de joies, aventuriers et sacristains glissent à d’odieuses et niaises pratiques : courtiers d’amour, maîtres chanteurs exploitant le cadavre futur auprès de celui qui, lâche, leur confie le soin d’assassiner pour lui ; marchands de poudres abjectes, détrousseurs de cimetières, voleurs de marmots, frôleurs d’hosties. Décidément ce siècle manqua de grandeur et il fut monotone. Le pittoresque manie y affecte un tel air cafard qu’on la vomit.

Cependant la messe noire y évolua d’une abjecte façon et je me dois d’inscrire ici l’office de Guibourg, dont l’érotisme sanglant s’encrasse d’avarice et de servilité.

Guibourg n’est pas le seul prêtre noir de son époque abondante en courtisanerie de laquais sacrilèges. Gille Lefranc, évêque, Davot, Mariette, Lesage qui fait office de

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