Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
LE SATANISME ET LA MAGIE

clerc[1] et tant d’autres, ne se contentent pas, vêtus du surplis et de Fétole, d’asperger d’eau bénite la riche ambitieuse sur la tête de qui repose l’évangile des rois. C’est préliminaire simagrée que les pigeons brûlés, la passion de N.-S. lue les pieds dans l’eau, le mystère de la quarantaine » enseigné par « l’apostolat des Sybilles », le livre des conjurations et des blasphèmes placé sous le calice afin d’en être fortifié. Le complet blasphème fait resplendir la messe de l’enfant égorgé sur la nudité lubrique de la femme.

…Les acolytes de Guibourg sont allés boire au cabaret : les uns manient sur une table envinée, cartes crasseuses ou dés faussés, d’autres jouent aux boules ; mais l’enjeu, c’est toujours le gain d’un sacrilège.

Cette fois, c’est pour une grande dame, une ardente pécheresse ; le sacerdote opère rue Beauregard, non loin de Notre-Dame de Bonne Nouvelle. Pour qui ? la d’Argenson, la de Saint-Pont, la Bouillon, Luxembourg, Vendôme, ou encore quelque Lord (Buckingham peut-être) jeune et déjà las des laïques voluptés ? En tout cas l’autel vivant, celle qui doit venir, pour qui, sur qui, en qui le Jésus damné va descendre, corps et sang, — sang surtout ! — c’est sous luxueux vêtements une nudité païenne, au sein de plénitude et de vigueur, aux hanches larges et profondes des Danaé où pleuvent les voluptés de Louis XIV — Jupiter…

  1. Tous les soirs, chez la Voisin, cet aigrefin empoisonneur donnait à sa maîtresse une comédie dérisoire et même inoffensive. Pendant quarante jours il se travestissait d’une jupe noire sur laquelle tombait une chemise blanche ; mouillant à des verres de cristal des branches de laurier, il faisait allumer deux cierges sur un autel improvisé adorné d’une croix ; il célébrait la messe se servant d’un des verres comme calice et disait en faisant le simulacre de la consécration sur l’hostie : « Seigneur, je vous offre cet holocauste, en attendant, comme je vous le promets, qu’il vous soit offert par les mains des prêtres. » Préparation carnavalesque au mystère infâme.