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LES MESSES NOIRES

révèlent l’abomination d’un vice qui amalgame la monstruosité d’un démon à la beauté tentatrice d’une païenne divinité. Une tare subite déforme la mensongère grâce. Tout autour de la nef, une procession silencieuse et immobile d’infirmes ricane, ctéiques et phalliques, archanges goitreux, martyres bossues, évêques aux tripes crevantes, Astartés dont les seins pendent en outres noirâtres, Apollons aux trognes phénoménales d’éléphant, papes lucifériens coiffés d’une mitre de bouc, Christs aux oreilles d’âne cloués, dos contre face, à un noir priape qui devient une lancinante croix.

Les soixante-dix assistants agitent tous des encensoirs de cuivre où les poisons les plus dangereux cuisent et fument : les solanées imposteuses, la jusquiame, l’aconit, la belladone qui insinuent l’ivresse du Sabbat, la rue, la sabine qui soulagent avant terme des enfantements.

Dans l’épaisse nuée des parfums les Démons doivent choisir les éléments vénéfiques d’une matérialisation.

L’office suprême verra Satan lui-même et les princes de sa cour : Belzébuth, Astaroth, Asmodée, Bélial, Moloch, Baal-Phegor. Ce corps latent de démons, cette vaporeuse liqueur, qui roule déjà leurs âmes, enivrent les fidèles abominables et propagent au fond de leurs sens l’illusion de ces prochaines présences.

Le prêtre à l’autel monte nu[1].

  1. Voir J.-K. Huysmans, Là-Bas, l’extraordinaire et inoubliable messe noire à laquelle assistent Durtal et Mme Chantelouve (de la page 365 à 383). Je juge inutile de revenir sur les détails définitifs selon l’art et la science apportés par le romancier inspiré ; je ne ressuscite que la plus excessive thaumaturgie satanique qu’il semble avoir délaissée. À lui d’ailleurs je dois la documentation de l’office ténébreux et de l’office qui le combat, sans compter son exemple qui guida mon style.