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L’ENVOUTEMENT DE HAINE

invisible des démons. Et les lois frappèrent de mort celui qui stipendie et enrégimente les larves homicides. La Rome païenne n’a pas plus de pitié que nos inquisiteurs. Les papes fulminent, les rois décrètent[1], les tribunaux exterminent, les foules font quelquefois justice de leurs propres mains. C’est que le sorcier, comme je l’ai soutenu dans la première partie de ce livre, apparaît le véritable anarchiste éternel. Sa bombe, d’autant plus pernicieuse qu’elle est moins perceptible, éclate au temple, au palais, dans les étables, au milieu des moissons, dans le ventre des hommes ou des animaux, aux entrailles de la terre. Pire ennemi. Il tue, les bras croisés. Aussi je m’explique les effroyables tortures ; je n’ai pas contre elles l’épileptique pitié d’un Michelet. Je les condamne, mais je les comprends. Légitime défense, affolement de persécutés, devenant par épouvante des bourreaux.

Les imprécations, qui agissent, disent les textes, pareilles aux démons, restent le grand rite chaldéen ; elles « saignent l’ennemi comme un mouton », elles « font la maladie dans le corps et mettent dans l’âme le tourment ». Mieux que les hommes de guerre, elles défendent le seuil des temples, les murailles des villes, les chars des guerriers, les tablettes des souverains. (Voir les imprécations d’Apil Schim, fils de Zabu, celles de Rammaru-Nirari 1er,

  1. Une grande tablette de la bibliothèque du Palais Royal de Ninive contient vingt-huit versets d’une litanie déprécatoire contre les néfastes influences. La sixième formule est tout à fait significative, groupant l’envoûtement, le sort, l’incantation, la fascination, le mauvais œil, les philtres, le maléfice enfin sous toutes ses formes.

    « Celui qui forge l’image, celui qui enchante, la face malfaisante, l’œil malfaisant, la langue malfaisante, la lèvre malfaisante, le poison malfaisant, — Esprit du Ciel, conjure-les ! Esprit de la Terre, conjure-les. » (La magie des Chaldéens, par François Lenormant.)