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L’ENVOUTEMENT D’AMOUR

acceptant comme probable l’efficacité de certains gestes condensant l’opératoire vouloir, tout le reste s’ironise de possible mystification et d’un évident charlatanisme.

Le Petit Albert recommande une cérémonie adroite pour endiguer les agitations de Vénus. « Ayez, dit-il, le nerf d’un loup nouvellement tué ; puis, étant proche de celui que voulez lier, vous l’appellerez par son nom et aussitôt qu’il aura répondu vous lierez ce nerf avec un lacet de fil blanc et l’homme sera si inapte qu’il ne le serait pas davantage si on l’avait châtré. » Pour rendre inoffensif ce charme, le même livret prescrit de porter un anneau dans lequel soit enchâssé l’œil droit d’une belette !

D’autres opuscules indiquent, pour cet envoûtement, la peau d’un chat ou d’un chien, à nouer trois ou neuf fois ; cracher à trois reprises dans son giron ou sur la poussière et dire tout bas des mots de malédiction pendant que le prêtre bénit le mariage. Alors, pour dénouer, il est nécessaire que l’homme se débonde par l’anneau nuptial, un vendredi matin au soleil levant, en prononçant trois fois : Yemen[1].

L’analogie et le symbolisme étant la méthode et la langue mystiques, la recette de ce maléfice paraîtra moins inepte. Les poètes d’ailleurs se chargèrent de le rendre aimable, et Virgile dans l’Églogue VIII l’affuble de coquetterie :

Necte tribus nodis ternos, Amarilli, colores,
Necte Amarilli, modo : et Venons, die, vincula necto.

(C’est trois fils, trois rubans de couleurs diverses qu’il

  1. Comment ne pas rire tout à fait de cette insinuation du Livre de secrets de magie » (Bibliothèque de l’Arsenai) : « Pour dénouer l’éguillette, mettez du vif argent dans un chalumeau de paille et ce chalumeau sous le chevet du lit du maléficié. »