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LE SATANISME ET LA MAGIE

dont le secret est figuré dans un des détails de l’architecture de l’Alhambra, comme le mystère alchimique s’offre à l’archéologue sur le portail de Notre-Dame. Ce n’est, paraît-il, qu’une série de petites pierres, réunies en collier et intercalées de rondelles, produisant par leur contact une sorte de courant d’une électricité psychique tout à fait alarmante. Je n’ai jamais pu en savoir plus.


En fait, la grande ruse diabolique consiste à détruire l’équilibre dans l’organisme, à miner sourdement le vouloir par l’épuisement nerveux, anémiant l’âme et le corps, au point de ne laisser devant la brute assaillante qu’une forteresse démantelée aux soldats indécis et fiévreux. Le Diable érotique a peu de prises sur l’homme ou la femme sains ; il ne commence à devenir dangereux que lorsque, dit le Grimoire, « les enfants blancs ont tué les enfants rouges », c’est-à-dire lorsque la lymphe l’emporte sur le sang, quand les veines appauvries ne se gonflent plus que de globules pâles…

Il y a encore les breuvages aphrodisiaques… mais relèvent-ils de la magie ? Le philtre, le poison, l’excitant ! Ah ! ils infligent l’érotomanie, dans un vertige d’oubli, ils nous extériorisent, nous exaltent, font de nous des ivrognes qui se croient des dieux ou des amants. Breuvages d’illusion la plupart du temps, coupes que Circé dut faire vider à ces Grecs impétueux et grossiers qui la visitèrent. Consolants, ils abêtissent. Hilarants, ils égarent. Trop puissants, ils tuent. Un de ces philtres fit perdre à Caligula l’esprit ; parfois ils poussent au suicide. En vérité, je ne m’explique guère l’enthousiasme de Michelet pour eux. Il y voit notre science médicale moderne en aurore ; mais j’ai l’épouvante