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LE SATANISME ET LA MAGIE

La forte confiance en Dieu, la certitude d’une mission purificatrice s’anémie bientôt en l’Église, éperdue de domination matérielle. Alors le réseau abjuratoire s’augmente d’innombrables mailles ; moins l’élan s’élargit, plus le filet devient subtil. Le pécheur de démons sent sa main trembler, son cœur faiblir. Aussi s’en rapporte-t-il moins à l’assistance céleste, il accumule les précautions, multiplie les circonvolutions et les ruses. On n’est plus exorciste spontanément ; c’est un grade ecclésiastique, un des ordres mineurs précédant immédiatement la prêtrise. L’évêque reçoit un clerc exorciste en lui faisant toucher le livre des formules et en lui disant : « Accipe et commenda memoriæ et habe poteslatem imponendi manus super energumenos… — Recevez ce livre et souvenez-vous qu’en même temps vous recevez le pouvoir d’exorciser les énergumènes. » C’est tout un art, un métier presque. D’une foi vive, humble de cœur, il ne devra opérer jamais avec quelque pensée de démonstration ou par orgueil ; la prière et le jeûne le ceignent de forces supérieures ; il ne lui messied pas d’être âgé et de corps décrépit afin que les belles possédées n’éveillent pas en lui le démon de luxure.

Tâche délicate et hypervirile. Voyez l’énergumène, tel que nous le décrivent les manuels opératoires, comme nous l’exhibent les maîtres-peintres du passé, comme Charcot nous Ta ressuscité. Le plus souvent c’est une femme. Elle craque des dents, se roule à terre, écume,