cherche à comprendre, curieuse, inquiète, amoureuse. La face flotte ; elle danse, se déplace, se délimite enfin ; mais toujours lesyeuxs’érigent très hauts, semblables à ceux d’un qui magnétise. Il parle. Comment ? Elle ne sait l’expliquer. Dans son épigastre des paroles qui sont des vagues d’ombre rose frappent, oppressent, sont entendues par son cœur. Mystère ! Il grandit. Sa poitrine de noble garçon, au cou svelte, la tente comme celle de quelque mythique héros. Elle halète, ni extatique, ni endormie, à peine hypnotisée ; mais son flui de vital lui échappe, tiré hors d’elle par l’apparition. Le fantôme la vide. Elle distille de ses nerfs, de ses os ce rejeton, le nourrit avec elle ne sait quelle essence de soi. Vraiment sa mère à cet esprit, vraiment sa matérielle origine. Et lorsque le matin elle s’éveille à la lumière du jour, elle est plus brisée qu’après le plus surhumain effort ; si blême qu’on dirait une accouchée. Son âme en effet enfanta.
Le drame s’accentue. Nous voici au deuxième acte. L’Esprit — le Diable en effet — ne se contente plus de son rôle de fils, il veut des étreintes plus étroites, des baisers plus libres, une sorte de communion où tout sans restriction lui soit accordé ; il ambitionne non plus son royaume de l’éther aux flammes ternes, mais ce sein d’où il jaillit et où il voudrait retourner, robuste et fécondateur. Elle se rétracte de stupeur, tend des mains qui traversent, sans l’atteindre, le fantôme ; lui se baisse, monstrueux, quitte à crisper mortellement cet organisme. Et son baiser sur les lèvres vaincues sonne jusqu’au ventre ; elle se sent inondée d’une impalpable, mais réelle, pressante, lassante pesée sur tout elle-même, à en pâmer de désespoir !