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À mes Fils.

si vous revenez à votre tâche plus forts et plus dévoués, notre temps, mes enfants, n’aura pas été perdu.

Dites-vous bien qu’ils doivent porter leurs fruits, nos souvenirs amers. Tout a changé autour de nous, pourrions-nous rester tels que par le passé ? On se souciait trop peu parmi nous, et cela depuis longtemps, des devoirs envers la patrie. La France ne semblait plus qu’un pays charmant où il faisait bon vivre, et l’on se croyait quitte envers elle quand on avait payé les impôts qui, à leur tour, payaient l’armée.

Maintenant, nous avons reçu les leçons de la souffrance. Nous sommes à l’heure des résolutions viriles, du travail patient. Dès aujourd’hui, tout enfant, en France, doit avoir devant les yeux, dans son esprit, au fond de son cœur, la pensée qu’il n’appartient plus à son bon plaisir, mais à un devoir formel et sacré. Ce devoir n’a rien à faire avec la haine et il repousse la vengeance ; ce devoir est d’aimer notre pays