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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

serait mis aux quatre coins de la ville. Le maire s’adresse alors aux quelques habitants aisés qui n’ont pas pris la fuite, et supplie qu’on livre ce que l’on peut. Mais personne n’a maintenant de cave bien montée, les exigences des occupants y ont mis bon ordre. Il fallut beaucoup de peine et beaucoup de temps pour rassembler trente-six bouteilles ; ce fut un autre travail d’obtenir des officiers qu’ils s’en contentassent. Enfin l’affaire s’arrangea.

Une remarque faite par presque toutes les personnes qui ont à loger des Prussiens est que leur sobriété est en raison inverse de leur grade. On rencontre rarement un simple soldat ivre, tandis que les trois quarts des officiers se grisent habituellement. Nous n’avons chez nous qu’un sergent, mais il tranche du grand personnage, et tous les soirs, sans exception, il faut que ses hommes, qui ne boivent jamais, le portent sur son lit.

Monsieur à madame de Vineuil.
Paris, 24 octobre.

Je t’envoyais par les derniers ballons mes gémissements de ce qu’il y avait si peu de nouveau. Hélas ! il est venu, ce nouveau ! et avec lui des inquiétudes

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