Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/171

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LA MARQUISE.

Lucile cette nuit a-t-elle reposé ?

LISETTE.

Point du tout, nous avons pleuré de compagnie.
Long-temps après l’aurore elle s’est assoupie.

LA MARQUISE.

J’ai trois maux à la fois ; ses tourmens inconnus,
(Elle tousse.)
Le chagrin du Baron, & ma toux par-dessus.
N’as-tu pas pénétré le sujet de sa peine ?

LISETTE.

Jusqu’ici ma recherche a toujours été vaine.

LA MARQUISE.

Je voudrois le savoir pour y remédier.
Près d’elle, de ce pas, je vais tout employer.
Mon amour tour à tour va du Pere à la Fille.
Et, sans l’être, je sens en mere de Famille.

(Elle s’en va.)



Scène VI.

LISETTE, CHAMPAGNE.
CHAMPAGNE.

Nous pouvons à présent sortir de notre coin.
Ton Maître extravagant, que j’aime à voir de loin,
Fait bien de s’enfermer, il mérite de l’être.
Quel diable de travers ! on n’y peut rien connoître.
Passe encor pour la Tante, elle a le cœur fort bon,
Et même de l’esprit au défaut de raison.

LISETTE.

Elle est folle par fois, mais lorsqu’elle s’égare,
Elle a dans une Femme, une qualité rare :
C’est de l’appercevoir, d’en convenir d’abord,
Et dans le même tems de réparer son tort.