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Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/172

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CHAMPAGNE.

Il est grand, il est beau de manquer de la sorte.
Ne s’écarter jamais est d’une ame moins forte.

LISETTE.

On pourroit te surprendre. Adieu, retires-toi.
Tu n’as plus rien à dire.

CHAMPAGNE, l’arrêtant.

Tu n’as plus rien à dire.Attends, pardonnes-moi.
Il faut auparavant que je te désabuse.
Mon récit étoit faux ; je te demande excuse.
Mon Maître n’est pas mort.

LISETTE.

Mon Maître n’est pas mort.Pourquoi me l’avoir dit ?

CHAMPAGNE.

C’est par son ordre exprès, pour être mieux instruit,
Pour voir si sa mémoire à Lucile était chère,
Et s’il étoit pleuré d’une façon sincere.

LISETTE.

Tu n’en dois plus douter présentement.

CHAMPAGNE.

Tu n’en dois plus douter présentement.D’accord.
Aussi vais-je te faire un fidèle rapport.
Dans un détachement, Monsieur fit des merveilles,
Moi-même à deux Goujats je coupai les oreilles.
Tout plioit devant nous, lorsqu’un revers fatal
Renversa par malheur mon Maître de cheval.
L’ennemi, sans vouloir disputer la victoire,
Se saisit du butin & nous laissa la gloire,
Nous revenons vainqueurs, mais pâles & défaits ;
Toujours plus amoureux et plus gueux que jamais.

LISETTE

Pour ma chère Maîtresse, ah ! la bonne nouvelle !
Quelle sera sa joie ! elle seroit mortelle,
Si je l’en instruisois sans nul ménagement.
Je la dois à ce coup préparer sagement.
Mais, parles, en quel endroit as-tu laissé ton Maître.