Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/184

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Scène IV.

LA MARQUISE, MONTVAL, LISETTE.
LISETTE.

Madame, en ce moment, grande, grande nouvelle.
Si je vous interromps pardonnez à mon zele.
Cléon, de l’Amérique est enfin de retour.
Et vous l’allez revoir avant la fin du jour.
Vous n’en douterez plus en lisant cette Lettre,
Un courrier vous l’apporte.

LA MARQUISE, à Montval.

Un courrier vous l’apporte.Ah ! Daignez me permettre
De l’ouvrir devant vous, Monsieur, & de la voir.
C’est un ami parfait, son retour fait l’espoir
De toute ma maison : voilà son caractere.
Je reconnois les traits d’une main aussi chere.

(Elle lit.)

J’arrive enfin, Madame, & ma premiere attention est de vous en donner avis. Je pars de Marseille en même temps que ma Lettre, je vous prie de ne pas la lire au Baron votre frere, je veux avoir le plaisir de le surprendre. Est-il aussi triste qu’il l’étoit quand je suis parti ? Pour moi, je suis toujours gai à mon ordinaire, & je reviens exprès pour dissiper son chagrin & pour partager ma fortune avec lui. Eh ! Ma petite femme ; comment se porte-t-elle ?

(Elle s’interrompt.)

C’est ma Niece, Monsieur, qu’il appeloit ainsi,
Lucile avoit dix ans, quand il partit d’ici.
S’il savoit son état, sa douleur seroit vive.