Embrassez-le lui-même en propre original.
Où suis-je ? juste Ciel ! quel objet ! quelle vue !
La joie & la frayeur me tiennent suspendue.
Ah, Lucile !
Est-ce vous que j’entens ?
Oui, reconnoissez-moi.
Quoi ! vous êtes vivant ?
Oui, vivant & fidele.
Pour convaincre vos yeux, touchez, Mademoiselle.
Mes sens, de la douleur, passent rapidement
À l’excès de la joie & du ravissement.
Un moment arrêtez, souffrez que je respire :
Un si grand bien m’accable, & je ne puis rien dire.
Ô jour ! ô jour heureux ! ô moment enchanteur !
Qui répare trois ans de peine & de malheur !
Mon bonheur est si grand aussi bien que ma gloire,
Que j’en suis étonné, que j’ai peine à le croire :
Vous m’aimez !
Regardez-moi, Montval, & voyez ma pâleur ;
Voyez le triste état où vous m’avez réduite :
Sur mon front abattu ma tendresse est écrite ;
Consultez ce Portrait, l’ouvrage de l’amour ;
Où vos traits et ma flamme éclatent tour à tour.
Interrogez les pleurs que je viens de répandre,