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Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/203

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CLÉON.

Monsieur le Médecin, vous êtes connoisseur.

MONTVAL.

Je me connois surtout aux mouvemens du cœur,
Et c’est à les régler que mon art s’étudie.
La Médecine vraie est la Philosophie :
Il faut, des passions, arrêter le progrès ;
La mauvaise santé provient de leur excès.
C’est la sagesse en tout, Monsieur, qui fait la bonne.

CLÉON.

C’est le tempérament plutôt qui nous la donne.
L’honnête-homme a souvent quelque incommodité,
Et je vois des coquins qui crevent de santé.

LISETTE.

Trop de vertu maigrit.

MONTVAL.

Trop de vertu maigrit.Tout excès est contraire,
Même celui du bien ; mais il ne regne guere,
Et dans l’ordre commun le mal & la douleur
Vient du déréglement de l’esprit ou du cœur ;
Des souffrances du corps, l’ame est toujours la source,
Il faut les chercher-là pour arrêter leur course.
Ses travers, ses erreurs, produisent le chagrin ;
C’est lui qui, de la fievre, allume le levain,
Qui calcine le sang jusque dans les arteres,
Met la bile en fureur, & brûle les visceres :
Quand l’ame est en santé, le corps se porte bien,
Si-tôt qu’elle est malade, il ne profite en rien.

LISETTE

Je l’éprouve souvent, rien n’est plus véritable ;
Monsieur Bromps est vraiment un homme incomparable.