Page:Boissy-Oeuvres de Théâtre de M. Boissy. Vol.2-1773.djvu/218

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Qui m’a retenu malgré moi :
Les Alexandres, les Achiles,
N’ont rien de commun avec toi.
À quoi bon te prêter en peintres mal-habiles
Les traits d’autrui rebattus tant de fois.
Ta valeur qui t’est propre, a pour soi la justice ;
Que dans la vérité leur pinceau la saisisse,
Et l’offre pour modele à tous les autres Rois.
L’humanité dans tes pareils si rare,
Te suit par-tout jusques dans les combats,
Ce n’est pas pour jouir d’un triomphe barbare
Qu’au plus fort du danger ton cœur conduit tes pas.
C’est pour y ménager le sang de tes soldats,
Dont tu sais que le Ciel veut que tu sois avare :
Voilà comme un vrai Roi doit être courageux.
Pourquoi, dans les tems fabuleux,
Pour le louer, faut-il donc qu’on s’égare ?
Notre Histoire présente aux yeux
Un parallele moins bizarre ;
Et c’est à tes propres aïeux
Qu’il est juste qu’on te compare.
Pour te peindre il ne faut qu’un seul trait ressemblant,
Ton Aïeul fit des Rois, & soutint leur puissance ;
Tu fais des Empereurs, & tu prens leur défense.
Pere du Peuple ensemble & Conquérant,
Tu joins, malgré l’effort de l’Autriche jalouse,
La gloire de Louis le Grand
À la bonté de Louis Douze.


LE BARON.

J’adopte ces Vers-là. C’est peu de la santé,
Je suis sûr à présent de l’immortalité ;
Je les vais, de ce pas, envoyer au Mercure.

MONTVAL.

Pour l’immortalité cette voie est peu sûre,
Ce qui me flatte, moi, qui juge en Médecin,
C’est votre état présent. Vous avez l’air serein,
Le teint clair, dans votre œil la vivacité brille.