Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/126

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XX

Geneviève est conduite dans les bois.


Le lendemain, aussitôt que parut l’aurore, Golo fit venir auprès de lui les deux serviteurs qu’il croyait les plus dévoués à sa personne, et il leur commanda de conduire la mère et l’enfant dans un bois qui était à une demi-lieue du château, de les tuer en ce lieu écarté, puis de jeter leurs corps à la rivière. Les deux serviteurs, sur cet ordre, allèrent dans la prison, dépouillèrent Geneviève de ses habits, la vêtirent de vieux haillons et la conduisirent vers le lieu de son supplice.

Les deux innocentes victimes étant arrivées là où elles devaient mourir, l’un des ministres de cette barbare exécution levait déjà le bras en l’air et agitait le coutelas qui allait trancher la tête de Bénoni, lorsque la mère demanda à être frappée d’abord, afin de n’avoir point à mourir deux fois.

La vertu innocente et affligée, lorsqu’elle est parée des grâces du corps, a bien du pouvoir sur le cœur des hommes. Ceux que Golo avait choisis pour ôter la vie à la comtesse furent précisément ceux qui la lui conservèrent. Ses dernières paroles changèrent tellement leur courage en compassion, que l’un dit à l’autre : « Camarade, pourquoi