Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur ses traces, et la rejoignit au moment où elle se retirait dans la caverne de Geneviève. Sifroy allait lancer son javelot ; il aperçoit un fantôme de femme nue ; il s’arrête.

Geneviève, interdite et défaillante, se jette à genoux et rassasie ses yeux du plaisir de voir son mari, qui ne la reconnaît pas. Toutefois, Sifroy, étonné de cette rencontre, la prie de s’approcher, et, sur sa demande, lui jette son manteau. Elle couvre sa nudité et s’approche.

« Qui êtes-vous ? lui dit le comte.

— Qui je suis ! une pauvre femme du Brabant que la nécessité a contrainte à se retirer dans ce désert. Je n’ai aucun autre asile. Il est vrai que j’étais mariée à un grand seigneur ; mais un soupçon qu’il eut trop légèrement le fit consentir à ma ruine et à celle d’un enfant qui n’avait pas reçu le jour dans le péché. Si les serviteurs qui avaient l’ordre de nous faire mourir avaient mis à exécuter cette sentence la précipitation qu’il avait mise à me condamner, je n’aurais pas, depuis sept longues années, vécu en cette solitude avec mon fils, sans autre nourriture que de l’eau et des racines. Je serais morte ; aussi bien nous allons mourir prochainement, mon fils et moi.

— Mais, mon amie, fit le comte, dites-moi votre nom.

— Geneviève.