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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/15

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che, après le dîner, j’allai dans l’appartement de ma mere, lorſque tout le monde fut paſſé au ſallon. Rozane me ſuivit pour m’aider : nous étions l’un & l’autre de bonne foi ; mais en dérangeant le couſſin d’une bergere, je mis la main ſur un livre, que j’avois vu ce jour-là même entre celles de Madame de Tournemont. Je l’ouvris, & le Comte vint, par deſſus mon épaule, regarder ce dont il traitoit. C’étoit une de ces productions clandeſtines, dont les voluptueuſes images portent un poiſon ſubtil dans l’ame la mieux prémunie… Quelques lignes que nous parcourûmes, exciterent en nous une vive curioſité. J’avois déja lu pluſieurs brochures ; aucune ne m’avoit paru auſſi piquante. Pour le Comte, c’étoit peut-être la premiere fois qu’il jettoit les yeux ſur un de ces Ouvrages. Il me propoſa de le lire enſemble : j’y conſentis ; mais où ? il n’y avoit pas moyen de nous établir dans la chambre de ma mere ; un inſtinct ſecret nous ſaiſoit ſentir la néceſſité de nous cacher… Nous délibérâmes ; & le réſultat de cette grave délibération fut, que nous irions nous enfoncer dans le boſquet le plus éloigné du château, bien perſuadés qu’on ne nous y devineroit pas.

Nous commençâmes notre lecture avec une égale avidité ; les tableaux frappants