Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/36

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chant qu’y répondre, je quittai ma ſœur pour aller faire part à la Comteſſe du mariage de Madame de Tournemont. Elle en fut extrêmement ſurpriſe, & ne le diſſimula point. Je croyois, me dit-elle, que Madame votre mere chériſſoit davantage ſa liberté ; mais d’après ce qu’elle vous a dit, on peut juger que le titre de Marquiſe l’a déterminée : rien n’eſt plus naturel ; on tient aux droits de ſa naiſſance : c’eſt un de ces préjugés qu’on reſpecte, & qui ne font pas ſans fondement. Au reſte, ma fille, je remarque, avec plaiſir, que vous prenez cette affaire en perſonne raiſonnable. Il eſt certain qu’elle ne peut influer ſur votre bonheur, & je vois même qu’il en peut naître un bien.

Ce bien qu’entendoit Madame de Saintal, étoit la prolongation de ma retraite. Comme elle ne s’expliqua pas, je crus que ſon idée rentroit dans celle de ma ſœur ; elle en acquit de l’importance, & je n’aſpirai qu’au moment d’être ſeule pour la méditer à loiſir.

Jamais je n’avois été plus exacte à me retirer dans ma chambre à l’heure du coucher, & jamais je n’avois moins profité du calme de la nuit pour me livrer au ſommeil.

Mon goût pour Rozane avoit porté tous les caractères de l’enfance. La légèreté, le