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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/55

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ſer cette attaque, lorſqu’on vint avertir que les chevaux étoient mis.

Ce dernier trait mit le comble à ce qui avoit précédé… Je me levai précipitamment, & ſortis ſans écouter les mauvaiſes excuſes que Madame de Villeprez eſſayoit de me faire.

Le procédé de la fille n’étoit pas inexplicable : j’avois donné lieu à ſa brouillerie avec le Comte ; peut-être me ſoupçonnoit-elle de m’être enrichie de ſes pertes… Mais la mere qu’avoit-elle à me reprocher ? Auroit-elle imaginé, que Rozane, peu riche, épouſeroit Mademoiſelle de Villeprez, qui l’étoit encore moins ?… Se ſeroit-elle rendu, par foibleſſe, le miniſtre de la jalouſie de cette fille & la protectrice d’une intrigue qui ne devoit avoir aucun but ſolide ?

Pendant que j’examinois toutes ces choſes, que je les retournois de cent façons, que j’en verſois des larmes de colere, on ouvrit doucement la porte de ma chambre, vers laquelle j’avois le dos tourné. Je crus que c’étoit Marcelle, & j’allois paſſer dans mon cabinet pour éviter ſes queſtions ; mais je me ſentis retenue par un bras qui me ſerroit étroitement… C’étoit le Comte.

Ah ! Monſieur, m’écriai-je, que je ſuis irritée ; que j’avois beſoin de trouver quelqu’un à qui je puſſe ouvrir mon cœur ! Ma-