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dit-elle, s’étoit prêtée, en jeune perſonne, à un amour qu’elle croyoit avoué de nos familles ; mais ayant ſu par nous-mêmes le contraire, elle avoit réparé ſon imprudence, en rompant courageuſement une ſociété qui pouvoit la compromettre.

Ma mere ne faiſoit pas, à mes démarches, une attention aſſez ſuivie pour s’être apperçue que j’étois brouillée avec Mademoiſelle de Villeprez : elle n’en montra ni regret, ni plaiſir. Quant aux accuſations dont on me chargeoit, ſoit qu’elle en entrevît le principe, ou qu’elle ne voulût pas découvrir ce qu’elle en penſoit, elle écouta d’un air fort tranquille, & ne répondit que par d’aſſez foibles remerciements.

Madame de Villeprez, piquée d’une telle froideur, appuya ſur l’importance du ſervice ; & pour lui donner plus de poids, elle ſurchargea ſon récit des plaintes, des murmures, de tout ce que nous nous étions permis de dire ſur le compte de Madame de Rozane. Cette derniere partie de la narration avoit des caracteres de vraiſemblance, qui produiſirent leur effet. L’émotion de ma mere fut ſenſible : & la violence exercée contre moi, prouva celle de ſon reſſentiment. La Comteſſe ne fut guère plus avancée après cette explication, qu’elle ne l’étoit avant ; elle connoiſſoit la perſonne qui