Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/68

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m’avoit deſſervie, & les moyens qu’elle avoit employés ; mais elle ignoroit ce qui l’avoit provoquée à me nuire, & le degré de confiance qu’on pouvoit prendre en des rapports où la mauvaiſe volonté étoit manifeſte. Elle recommanda la diſcrétion à Marcelle, pendant qu’elle cherchoit de nouveaux éclairciſſements.

Cette fille ne ſe borna point au ſecret preſcrit par Madame de Saintal : elle me fit une hiſtoire controuvée, m’amuſa par des conjectures vraiſemblables… Je commençai de croire que ma mere avoit pris de l’humeur ſur quelques propos de mécontentement qui lui étoient revenus ; que M. de Rozane ſeroit ma paix ; qu’il ſaiſiroit cette occaſion pour traiter de mon mariage avec ſon fils, à qui ce contretemps paſſager m’auroit encore rendu plus chere… J’arrangeai ſi bien toutes ces choſes au gré de mes deſirs, que de tout ce que j’avois d’abord ſouffert, il ne me reſta que l’impatience & l’ennui.

Madame de Saintal fit prier le Marquis de paſſer au Couvent, ne doutant point qu’il ne fût inſtruit du fond des choſes. Il la ſurprit beaucoup, en l’aſſurant que Madame de Rozane s’obſtinoit à ſe taire ſur le motif de cet éclat, & qu’il n’en avoit pu rien obtenir par ſes prieres & ſes repréſentations. Loin