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Canadiennes d’hier

avait apportés de la maison paternelle, et un secrétaire de palissandre qui vient en droite ligne de Paris, le mobilier est de style Confédération et n’a pas été renouvelé depuis le mariage de mes parents. Cati épingle encore, deux fois par année, sur le tapis du salon, de vénérables rideaux contemporains de l’ameublement ou peu s’en faut.

Si le vil métal n’a pas beaucoup occupé mon esprit jusqu’à présent, j’en fais grand cas dans les circonstances actuelles. Quel bonheur ce sera de ne pas paraître au contrat les mains vides ! Je ne craindrai pas que le mariage manque aux arrangements. Les parents de Jean qui, eux, ne seront pas amoureux de moi, pourraient, à juste titre, s’inquiéter du surcroît de dépense que leur occasionnera l’entrée, dans leur maison, d’une jeune dame de la ville. Je suis convaincue que l’apport d’une dot assez considérable peut faciliter les choses.

De mon côté, chère gros’maman, je ne vais pas au hasard. Grâce à la pouliche, je connais « les lieux ». Grâce au vieux cheval, je connais les capacités calorifiques d’un capot de chat sauvage, quand il y a un beau garçon dedans, surtout. Comme système de chauffage pour une grande maison, j’admets que c’est insuffisant, même si l’on y ajoute, pour l’ordinaire et pour réchauffer les vieux qui ont passé l’âge de l’amour, un bon gros poêle à trois ponts. Tante Louise m’a fait part de leurs intentions à ce sujet et des changements qu’ils se proposent d’effectuer quand « Petit » se mariera. Comme j’aurai les moyens d’en payer les frais, on me permettra peut-être d’aménager à mon goût les

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