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Canadiennes d’hier

pièces destinées au jeune ménage. Je me propose de transformer le salon en « living room », d’ajouter aux beaux meubles anciens quelques fauteuils modernes, un tapis, des rideaux frais, quelques coussins, des abat-jour… même de porter respectueusement le portrait de Léon XIII dans la chambre de tante Louise et, dans celle du père Leclerc, la croix de tempérance qui orne un pan du salon. Je garderai le curé Boissonnault, il fait bien dans le trumeau. Si je me rappelle bien, deux cabinets d’égales dimensions s’ouvrent sur le salon. Rien de plus facile, en déplaçant seulement une cloison, que de les transformer en une grande chambre à coucher avec salle de bain contiguë. Rien n’empêchera d’en installer en même temps une autre. à l’étage supérieur. Tout le monde s’en trouvera bien. Vous savez par expérience, chère madame, qu’il est possible, à relativement peu de frais, de se donner, à la campagne, tout le confort de la ville puisque, depuis longtemps, votre maison en est pourvue.

Enfin, dernière et suprême extravagance, je pourrai me payer le luxe d’une jeune et robuste servante qui déchargera tante Louise d’une bonne partie de sa besogne, devenue trop lourde pour une personne de son âge et qui le serait trop, pareillement, pour une commençante inexpérimentée telle que moi. Voyez-vous les difficultés se disperser comme par enchantement ? Qu’il m’aime seulement ! Je me charge du reste.

Si vous êtes fatiguée, chère gros’maman, gardez-

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