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Canadiennes d’hier

nos remerciements, comme nous l’en avions prié. Cette certitude m’a permis d’attendre, pour vous écrire, d’avoir mis un peu d’ordre dans mes idées, puisque j’ai pris l’habitude, non seulement de vous raconter les incidents de mon petit roman, mais encore de vous confier mes impressions, d’ouvrir mon cœur à deux battants. Il est débordant de joie en ce moment. Grâce vous en soit rendue !

Toutefois, cette visite que vous m’aviez promise et qui paraissait si certaine, un moment, — un moment qui m’a paru long et qui a, quand même, duré une partie de l’après-midi, — j’ai cru que je ne la recevrais pas et qu’on me faisait courir le poisson d’avril de la plus cruelle façon. Quand elle est enfin venue, savez-vous à qui je dois l’heureuse tournure de cette rencontre pourtant si bien préparée par vous ? À la personne qui semble la moins faite pour comprendre les choses sentimentales, à ma bonne Cati. C’est elle qui, à son tour, a été l’instrument de la Providence. Décidément, dans les affaires de cœur, les femmes ont plus de flair que les hommes ! Le beau Jacques Carrière, lui, en est encore à se douter de quoi que ce soit. Il se préparait à partir pour son bureau, mardi matin, quand votre lettre est arrivée. J’ai attendu qu’il soit sorti pour la décacheter. Le cœur me battait avant de l’ouvrir ; elle venait si tôt après votre dernière que je devinais une nouvelle extraordinaire. Vous ne me disiez pas, au juste, quel jour viendrait le visiteur tant désiré, mais immédiatement j’ai commencé de l’attendre d’une minute à l’autre. J’avais pourtant compris qu’il se présenterait dans

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