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Canadiennes d’hier

verrez qu’elle ne rechignera pas devant la besogne. Si elle était de ces jeunes filles frivoles qui ne rêvent que bals et théâtre, je ne vous conseillerais pas d’en faire votre femme ; mais elle a fait ses preuves. Elle a été à même de profiter de toutes les distractions mondaines et elle a choisi de suivre des cours, de cultiver son esprit et de vivre tranquillement dans la société de son vieux père. Comme elle est d’un naturel charmant, ses études ont servi à former son cœur et sa raison de même que son intelligence et ne l’ont pas rendue prétentieuse. Vous qui avez assez d’instruction pour apprécier la culture intellectuelle, quelle meilleure garantie de bonheur pouvez-vous désirer ? Quelle compagne plaisante à retrouver le soir, après les fatigues de la journée, que ma Sylvie ! Vous serez obligé de vous raser un peu plus souvent, mais le jeu en vaudra la chandelle !

Je suis convaincue que le père Auguste va considérer ce joli mariage comme une compensation que vous méritez pour avoir renoncé à un avenir auquel il vous avait lui-même destiné. D’ailleurs, je suis sûre que tante Louise et lui vont raffoler de notre Sylvie : c’est une charmeuse ! Elle saura faire la part des choses et n’essaiera pas de contrarier leurs goûts ni de leur faire changer leurs habitudes. Si la maison n’était pas assez vaste pour permettre d’habiter chacun chez soi, il pourrait y avoir des frictions… mais établissez-vous dans le « bord du suroît », Jean ; utilisez-le au lieu de le tenir fermé d’un bout de l’année à l’autre. Comptez sur Sylvie pour arranger les choses à la satisfaction de tous, et

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