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Canadiennes d’hier

mêmes ne peuvent se défendre d’un grain de jalousie. Et vous pouvez être certain que si je vous ai demandé d aller porter la tire, c’est que je savais faire plaisir à ma jeune amie. Vous a-t-elle parlé de ses projets pour l’été prochain ? »

— Oui, un peu. Elle m’a dit qu’elle ne voulait pas passer tout l’été à ne rien faire. Elle a l’intention d’aller aux champs, de travailler aux foins, de râteler derrière la charrette… Je pense bien qu’elle ne fera pas de grosses journées pour commencer, elle se fatiguera vite.

En souriant, après une pause :

— Ça me donnerait des distractions de l’avoir avec nous autres aux champs.

— Vous a-t-elle dit qu’elle voulait aller chez vous ?

— Non, mais moi je ne la laisserais pas aller ailleurs. En tout cas, j’ai bien hâte aux vacances ; on verra bien ; dans le temps comme dans le temps !

Je m’aperçois, en essayant de rapporter fidèlement notre conversation, que ma part a été beaucoup plus considérable que celle de Jean. Je prêchais un converti, mais qui avait besoin d’arguments pour affermir sa foi.

Je crois sincèrement que vos affaires sont en bonne voie, chère fille. Laissons le temps faire son œuvre, attendons patiemment l’été. Dans le temps comme dans le temps, a dit notre Jean.

Pour lui, ce qui presse le plus en ce moment, c’est de trouver quelqu’un pour soigner et remplacer temporairement tante Louise. Elle s’est fatiguée à laver les plafonds et elle fait de la température

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