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Canadiennes d’hier

depuis quelques jours. Rien de grave, cependant ; sa légère indisposition a eu pour effet d’inspirer la prudence au père Auguste. Ce printemps, il a renoncé à labourer, craignant son tour de rein habituel. C’est assez d’une malade dans la maison.

En attendant mieux, ils ont Mme Suplien (Cyprien) Gobeil (la bonne femme Cocotte, autrement dit) pour le train ordinaire, et des voisines obligeantes prennent soin de tante Louise. Espérons quelle se rétablira promptement.

Le beau Jacques Carrière est peut-être moins naïf qu’il en a l’air, mon enfant. Étant jeune, comme dit votre roublarde Cati, il ne manquait pas de perspicacité.

Votre dévouée complice,
V. A. Tessier.

Mlle Sylvie Carrière à Mme Tessier
Québec, 25 mai 1913.
Chère gros’maman,

Vous avez bien parlé, je vous en remercie. Même si vous avez exagéré considérablement mon mérite, j’essaierai de tenir toutes les promesses que vous avez faites en mon nom. Il n’y a rien que je ne veuille entreprendre pour me rendre digne d’être aimée du plus charmant garçon que je connaisse.

Je ne dis pas que papa manque de perspicacité, chère madame, mais je prétends qu’il n’a pas eu l’occasion d’exercer ce qu’il en a depuis longtemps ; elle est un peu rouillée. Il est distrait et à cent lieues

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