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Canadiennes d’hier

Il m’a avoué en rougissant violemment qu’il vous a déjà écrit plusieurs lettres mais qu’il n’a jamais osé en mettre une seule à la poste.

Dans ces conditions, je crois que vous pourriez sans inconvenance prendre l’initiative. Je vous permets de lui dire que je vous ai mise au courant de ses velléités de correspondance. Un petit mot de votre main fera plus d’effet que tout ce que je peux imaginer pour l’encourager.

Venez le plus tôt possible, chère fille. Toute la nature est en fête dans l’attente de votre visite. L’herbe de Québec n’est pas d’un aussi beau vert que celle de St-Jean ; elle n’est pas parsemée comme elle de violettes et de fleurs de fraisiers. Tout mon monde, Mme Rivet en tête, a hâte de vous voir… et moi donc !

V. A. Tessier

Mlle Sylvie Carrière à Mme Tessier
Québec, 25 juin 1913
Chère bonne amie,

Malgré tout ce que votre bon cœur vous a inspiré pour amortir le coup porté à mes espérances par la lettre de Pauline Bellanger, je reste extrêmement inquiète ; j’ai peur de ne pas pouvoir aller à St-Jean. Pauline n’est plus la seule à vouloir mettre obstacle à mon bonheur ; étourdiment je me suis attiré d’autres adversaires. Il faut que je vous dise comment cela est arrivé.

Samedi soir, après le souper, la vraie Sylvie, l’habitante de St-Jean-Port-Joli, courait en imagination dans l’herbe parsemée de violettes à la recher-

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