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Canadiennes d’hier

donner de l’air à ses bons sentiments. Et puis, Hélène ne sera pas toujours là pour défaire mon ouvrage par son snobisme. Encore dernièrement, il parlait du bonheur qu’il aurait à revoir son petit pays ; je ne peux pas croire qu’il y renonce tout à fait. Mais je ne veux pas attendre au 15 août. Pendant que je me morfondrai à la ville, la grosse Pauline tendra des pièges à mon beau Jean. Venez à mon secours, gros’maman, trouvez quelque chose. Le ministre du commerce a bon dos, dites à mon chéri qu’il est seul responsable des modifications apportées à notre programme. Dites-lui, de plus, que je l’aime de tout mon cœur, tout au moins, faites-le lui entendre. Dites que je me désespère à l’idée d’attendre encore ; faites comme si c’était pour vous, chère gros’maman, sauvez le bonheur de

Votre malheureuse fille,
Sylvie

Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, 2 juillet 1913

Chère enfant, je suis peinée de ce qui vous arrive. Que voulez-vous que je dise ? Je ne peux pourtant pas vous conseiller la révolte, ni des démarches inconsidérées qui pourraient tourner à votre confusion. Les vieilles tables ont du bon et elles sont encore solides au pays de Québec. Essayez plutôt d’amener votre père à votre point de vue… et faites vite. Pauline a déjà tendu ses filets et la confiance de notre beau coq a été fortement ébran-

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