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Canadiennes d’hier

À bien considérer, il était clair que tout ce que je ferais pour sortir de ma condition m’abaisserait, non seulement dans ma propre estime, mais encore dans celle de Mlle Carrière. Cependant, comme je l’aimais, j’espérais que tout s’arrangerait… Tout s’est arrangé, en effet, mais pas comme je pensais. Je me suis fait remettre à ma place : j’y reste. »

Le menton levé, le front têtu, il avait un air déterminé que je ne lui connaissais pas. Ce n’était plus notre Jean hésitant et timide que j’avais devant moi, c’était le paysan éternel. Et je me disais que, en fin de compte, celle qui a triomphé de vous, ma petite Sylvie, ce n’est pas Pauline, quoi qu’elle en pense, c’est la terre. Il me semble que cela devrait vous consoler un peu. En tout cas, c’est ce que souhaite de tout son cœur votre vieille et fidèle amie

V. A. Tessier

P. S. — Ma Régina veut vous écrire un petit mot.

Chère mademoiselle Sylvie, la nouvelle que vous venez d’apprendre, je la connais, moi, depuis dix jours. J’ai confié le chagrin qu’elle devait vous causer à Notre-Dame-de-pitié, afin qu’elle vous aide à le supporter. J’ai fini ma neuvaine ce matin, j’ai confiance en son efficacité et il me semble que je ne peux pas faire mieux que de vous le dire pour vous prouver mon humble amitié. — Régina.

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