Je vous embrasse, ma véritable amie, et je ne vous dis pas adieu.
P. S. — Les Berti sont en Espagne et, suivant l’expression consacrée, ils sont enchantés de leur voyage. Songez donc, ils ont assisté à une course de taureaux et Hélène a failli s’évanouir ! n’est-ce pas délicieux ? Quand je pense qu’ils m’avaient offert de les accompagner pour me remettre le cœur !
Je me reproche de vous avoir laissée sans nouvelles depuis plus d’un mois. Je sais bien que vous n’êtes pas inquiète quand je traîne un peu ; vous vous dites. « Sylvie ne m’oublie pas, seulement, elle est très occupée et n’a rien de particulièrement intéressant à me communiquer » ; mais tarder à ce point c’est par trop se fier à la télépathie et à votre indulgence. Je ne peux pas prétexter le manque de loisir, je sais qu’une toute petite lettre, écrite hélas ! quelquefois à la hâte, suffit à satisfaire votre cœur et à tenir votre esprit en repos. Elle vous plaît par son laconisme même, vous y voyez une preuve de ma bonne santé morale. Depuis la reprise de notre correspondance, d’ailleurs, vous m’avez donné l’exemple de la brièveté. J’ai