Page:Bonenfant - Canadiennes d'hier, lettres familières, 1941.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Canadiennes d’hier

vitation amicale, mais je peux vous assurer immédiatement que je l’accepte avec joie. Après ma sœur et sa famille, peut-être même avant eux, vous êtes les seules personnes vivantes qui m’attirent au Canada.

Dans votre modestie, ma chère amie, vous avez cru nécessaire de me rappeler — oh ! délicatement, comme vous savez dire toutes choses, — le cimetière de St-Jean pour m’engager à retourner chez vous. Je ne l’ai jamais oublié et de nouvelles raisons viennent s’ajouter aux anciennes pour me le rendre cher. Mais, même sans ce devoir de piété filiale, j’aurais été heureuse de me retrouver à St-Jean-Port-Joli et dans la maison de madame Tessier avec tout son bon monde. Je la sentirai présente au milieu de nous. Tant que le souvenir de sa rayonnante bienveillance vivra dans le cœur de ceux qu’elle aimait, il les rapprochera, il les unira dans une sorte de fraternité spirituelle. Je n’aurais pas eu besoin de ce lien pour apprécier votre amitié, ma chère Régina ; même quand vous n’étiez que la fidèle secrétaire de Mme Tessier, je sentais entre les lignes de ses lettres un courant de sympathie qui gardait votre personnalité et m’attachait à vous.

La nouvelle de la mort de Jean Leclerc m’a causé une douloureuse émotion, pas comparable cependant à celle que m’avait produite l’annonce de son mariage. Pour moi, c’est cette fois-là qu’il est mort. Je compatis de tout mon cœur au chagrin de sa famille, surtout à celui de ses vieux parents.

196