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Canadiennes d’hier

nelle et a redevenir une jeune fille comme les autres, nous pourrions peut-être trouver parmi nos relations un mari qui te conviendrait. Gustave a même pense à l’un de ses jeunes associes qui t’a beaucoup admirée jadis. Sa situation financière n’était pas alors ce qu’elle est aujourd’hui et mademoiselle Carrière, bachelière, d’allure indépendante et portée à se moquer de ses admirateurs, l’intimidait beaucoup. Parvenue à la trentaine, la susdite demoiselle pourrait peut-être se montrer plus accommodante…

Gustave invite, chaque semaine, pendant les vacances, deux ou trois des plus chic types de ses bureaux à venir passer le week end avec nous et le jeune Wistful est au nombre des privilégiés. Tes neveux profitent de leur présence pour organiser des divertissements de toutes sortes : excursions aux environs, sur terre et sur lac, joutes de tennis, parties de pêche, régates, goûters sur l’herbe, que sais-je encore… C’est une aubaine pour la jeunesse de Valois. Je prends part, comme une jeune, à tous ces amusements, le tennis excepté, et je ne m’en porte que mieux.

Viens donc te joindre à nous, sœurette, sois donc moins bas-de-Québec, je veux dire plus moderne, plus dans le mouvement. À quoi peux-tu t’occuper, là-bas, toute la sainte journée ? À rêver au bord de l’eau, lire, pêcher à la ligne, écrire tes mémoires ? À la rigueur, tu pourrais faire tout cela ici, et nous aurions au moins le plaisir de te voir à l’heure des repas.

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