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Canadiennes d’hier

disposition. Peut-être ne voudrait-elle pas me confier le soin d’accompagner le chant de certain beau jeune homme à la voix ensorcelante ? Je me figure qu’il doit y avoir un petit roman entre ces deux musiciens : pour que l’accord soit parfait à ce point, il faut que les cœurs battent à l’unisson.

Moi aussi, je regrette de n’avoir pas fait connaissance avec votre maisonnée. Et dire qu’il aurait suffi d’un peu de complaisance de la part de mon beau-frère pour que, malgré notre malencontreux accident, nous ayons pu passer une petite heure en votre compagnie. La prochaine fois que j’irai à St-Jean, ce sera seule : c’est décidé !

En attendant que j’en aie trouvé le prétexte, ayez pitié de moi, de nous, pauvres déracinés ! Écrivez-moi, chère madame, racontez-vous et soyez assurée de la vive gratitude de votre vieil ami Jacques ainsi que de votre nouvelle amie.

Sylvie

Mme Tessier à Mlle Sylvie Carrière
St-Jean-Port-Joli, 25 septembre 1912

Chère fille de mon cœur. — J’en suis déjà là, que les appellations cérémonieuses n’expriment plus du tout ce que j’éprouve pour vous, — je vous écris aujourd’hui pour accuser réception de votre lettre, vous assurer de l’intérêt que je prends à ce que vous me racontez, vous engager à continuer et vous dire pourquoi je ne peux pas entrer tout de suite dans le mouvement et vous ouvrir, cette se-

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