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Canadiennes d’hier

donc, de la musique de graphophone. Après avoir entendu les grands artistes chanter, chez Pathé frères, mes garçons essaient, à leur tour, les morceaux qui sont dans leurs moyens. Je voudrais que vous entendiez notre Jean chanter « le Credo du paysan », « La chanson des blés d’or », ou encore la berceuse de « Jocelyn ».

Nous passons de cette façon des soirées que, pour ma part, je trouve très agréables, malgré la fatigue qu’elles me causent, et qui semblent faire grand plaisir à mes jeunes amis.

J’ai commencé d écrire l’histoire de ma jeunesse pour tenir la promesse que je vous ai faite, un peu à la légère. Franchement, je croîs qu’elle ne vous intéressera pas, vous allez la trouver trop longue. Rien n’est plus ennuyeux que les jacasseries d’une vieille pie. Écrivez-moi, vous, jeune hirondelle. Vous me devez des confidences qui tomberaient dans les oreilles d’une sourde si vous me les faisiez de vive voix, mais vous me le ferez lire et mon jeune cœur de vieille idéaliste les comprendra, même si vous ne les faites qu’à demi-mot.

V. A. Tessier

Mlle Sylvie Carrière à Mme Tessier
Québec, 15 octobre 1912
Chère madame,

Ce n’est pas précisément « une confidence » que j’ai à vous faire, c’est plutôt un aveu qui me coûte

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