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Canadiennes d’hier

un peu mais que je ferai, cependant, aussitôt que vous aurez tenu votre promesse, car je suis sûre que vous n’êtes pas de ces esprits étroits que les idées modernes mettent en défiance ou effarouchent. Quant à ma tristesse et à ce sentiment de solitude que j’éprouvais si souvent lorsque je ne vous connaissais pas, je les cherche en vain, ils se sont évanouis à la chaleur de votre amitié. Il y a ici, maintenant, une atmosphère de confiance et de bonne humeur que nous vous devons. Vous nous ravigotez tous les deux. Papa n’est pas reconnaissable : ses amis lui en font la remarque. Moi. j’ai plus chaud, l’avenir me paraît ensoleillé.

J’ai vingt ans !
Un souffle de jeunesse et d’amour me soulève…
(Edmond Rostand)

Continuez, je vous en prie, chère madame, d’exercer votre bienfaisante influence, ne nous privez pas de vos bonnes lettres. Prenez tout le temps qu’il vous faut. Je ne vous demande pas de vous mettre à la tâche, de vous rendre malade, ni de négliger madame Rivet et les exercices de chant ; ni d’abandonner votre tricot et la lecture de vos revues. Vous me dites que vous avez commencé d’écrire votre « roman de jeunesse », eh bien ! il faut continuer et surtout ne pas craindre que je le trouve trop long. Plus vous y exprimerez librement vos impressions, plus il m’intéressera. N’allez pas le gâter en voulant le faire plus court. Montrez-vous donc romanesque sans fausse honte.

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