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Canadiennes d’hier

reposant. Régina dormait presque dans le fauteuil de la petite salle, Alice n’en pouvait plus et moi, qui n’avais pourtant pas fait grand’chose, je ne valais guère mieux. À sept heures et demie, tout le monde était au lit, sauf Élie qui était allé au presbytère, mais il avait emporté la clé.

Les visites du jour de l’an, c’est une vieille coutume canadienne bonne à conserver mais qui ne vient, heureusement, qu’une fois par année.

Bon ! j’entends sonner à la porte de devant. Alice n’est pas revenue de l’église, elle fait son chemin de la Croix après les vêpres. Une chance que Régina est ici et, encore, elle a bien failli ne pas y être. Comme elle revenait de chez Gérard, Mme Pellet l’a happée au passage. Ses histoires sont longues et elle n’a pas l’élocution facile, la bonne femme.

C’est Mère supérieure et Sr Ste-Thérèse qui viennent me rendre visite.

Lundi, 5 janvier

Chère fille, je vous ai quittée brusquement, hier, et Alice n’a pas voulu que je continue d’écrire après le départ des religieuses. Elle m’a dit sévèrement : « C’est assez, gros’maman, vous vous rendrez malade. » Il ne me restait plus qu’à obéir. Ça m’a fait perdre le fil. Ah ! oui, je voulais vous dire : Vous êtes restée trop peu de temps à St-Jean, Sylvie. S’il y a quelqu’un que vous auriez dû voir ici et entendre parler surtout, c’est bien nos sœurs françaises. Elles sont une élégance en même temps qu’une bénédiction pour notre paroisse. La détestable loi Combes nous vaut le bienfait de leur pré-

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