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Canadiennes d’hier

sence. Elles viennent de la Drôme, mais la mère supérieure et Sr Bernadette sont parisiennes. C’est une grande privation pour moi de ne pas pouvoir les entendre parler tout à clair. C’est de la vraie musique ! ma chère enfant. L’été prochain, Régina ira avec vous au couvent ; vous les connaîtrez toutes.

Mme Rivet vous a trouvée charmante. Elle m’a conté, en grand mystère, que vous l’avez rejointe près du bénitier, après la messe de minuit et que vous lui avez dit avec un beau sourire : « Joyeux Noël, madame Rivet ». Elle en est restée toute saisie. ne s’attendant pas à ce que vous la reconnaissiez. Puis, vous l’avez aidée à descendre les marches du perron… Je l’ai crue sans peine, j’étais avec vous, ainsi qu’Alice et Élie, et nous l’avons ramenée chez elle en voiture. Elle perd un peu la mémoire, la chère vieille, et s’en rend compte parfois. Elle n’en est que plus sensible aux attentions des jeunes. Elle dit que vous avez de qui tenir pour l’amabilité ! Vous vous souvenez, l’été dernier : « Les Carrière, les Carrière, les Carrière… » Elle n’en finissait pas. Eh bien ! vous voilà dans ses bonnes grâces, à présent. J’en suis fort aise.

J’allais parapher sans vous remercier de vos bons souhaits. Ce n’est pas faute de vous en être reconnaissante et de vouloir du bien à mon ami Jacques et à toute sa famille. Tout ce que nous pouvons nous souhaiter de mieux, les uns et les autres, c’est que l’année 1913 passe sans nous apporter la guerre, c’est de nous retrouver tous en bonne santé et à St-Jean-Port-Joli aux vacances

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