Page:Bonenfant - Canadiennes d'hier, lettres familières, 1941.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Canadiennes d’hier

bien qu’elle est pas accoutumée à la grosse ouvrage ».

Il y a eu aussi les remarques plus ou moins malicieuses des commères — des deux sexes — qui ont vu Jean faire le « bras croche ». Autrefois, à la campagne, c’était l’attitude obligée des mariés qui revenaient, en voiture, de leur messe de mariage. L’usage s’en perd, on adopte de plus en plus les manières de la ville ; mais, de nos jours, en hiver, il arrive souvent qu’on voie passer des couples ainsi enlacés. L’obligation de se garantir du froid justifie cette pose familière. Il n’y a rien là que de très ordinaire, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Ce qui a fait jaser, c’est la surprise ; on vous voyait pour la première fois ; c’est votre élégance, c’est la parfaite convenance de votre taille à celle de votre cavalier. Madame Pellet a demandé tout naïvement à Régina :

« Dites-moi donc, mam’zelle Régina, mame Tessier a-t-elle l’intention de faire un mariage entre ces deux-là ? »

C’est ce mot magique « mariage » qui est venu à l’esprit de tous ceux qui vous ont vus passer. Moi-même, en vous regardant partir, j’ai dit à Alice, qui était à la fenêtre avec moi :

« Quel beau couple ! Comme ils sont bien assortis ! »

Chère fille, j’hésite à vous rapporter les taquineries que mon Élie et Joseph Frenette ont servies à notre jeune ami pour son dessert, le jour des rois. Réflexion faite, puisque j’ai beaucoup à me faire pardonner, je vous dois une confession géné-