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Canadiennes d’hier

qui vous sépare de lui. C’est bien dommage qu’elle soit presque infranchissable : il est digne d’être aimé d’une reine !

Faites vos réflexions, chère enfant. Si, malgré tout, vous persistez dans vos dispositions présentes. confiez-vous à votre bon père. Il doit être meilleur juge que moi en matière de convenances. Mon long séjour à la campagne m’a appris à ne pas leur accorder assez d’importance, peut-être, à considérer le mérite personnel des gens plutôt que leur rang social. Votre père vous aime, il sera indulgent et saura mettre les choses au point. Ce sera un grand soulagement pour moi de le savoir au courant de ce qui s’est passé.

Votre amie sincère,
V. A. Tessier.

Mlle Sylvie Carrière à Mme Tessier
Québec, 15 février 1913

Imprudente et romanesque veuve Tessier ! gros’maman pour les intimes. Si j’ai bien compris, cher Ponce Pilate aux jolies mains potelées, vous voudriez dégager votre responsabilité du petit incident qui s’est produit au cours de ma visite à St-Jean, ainsi que du pauvre roman d’amour qui n’existe pas, hélas ! pour le moment, que dans votre imagination et la mienne. Rassurez-vous, elle n’est pas bien lourde cette responsabilité : vous en porterez aisément le faix sans l’aide de votre ami Jacques. Vous n’avez rien à vous reprocher, chère

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