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L’HONORABLE B. JOLIETTE.

tière qu’il faut renverser, terrasser et dépouiller. Les bûcherons disposés par couples, au pied de chaque géant, saisissent leurs haches tranchantes. Le signal est donné : Les coups redoublés et terribles résonnent en cadence, faisant jaillir de toutes parts, les larges copeaux qui parsèment le blanc manteau dont l’hiver a recouvert la terre.

Tout-à coup, on voit frémir et s’agiter les têtes des arbres ; les colosses s’ébranlent. Holà ! Holà ! prenez garde ! prenez garde ! s’écrient les bûcherons, en prenant la fuite. En même temps, et au milieu du roulement d’un tonnerre épouvantable, les pins s’abattent pêle-mêle sur le sol qui tremble sourdement sous leur poids énorme. À l’instant, les ébrancheurs s’élancent sur leur tronc pour les dépouiller ; les scieurs se sont armés du Godendard pour les séparer en billots : les charretiers les roulent sur les traîneaux pour les transporter à la rivière, tandis que les abatteurs, fiers de leur succès, courent à de nouvelles conquêtes.

C’est ainsi que se passent les jours à l’horizon desquels, durant tout l’hiver, on ne voit jamais apparaître l’aurore d’un lendemain nouveau.