Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 1.djvu/230

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fonde ignorance du cœur humain. Des pleurs, des cris de femme, et à propos d’une passion dont la vieillesse est l’ennemie ; quelle affinité, même la plus indirecte, pouvoit exister entre ce sentiment et Élie Déé ? Lui, juif, colleté dès son premier âge par les brutalités de la persécution religieuse ; lui, dont les édits royaux avoient déchiré les langes, dont les mains de la prévôté avoient cassé le berceau ; lui qui, plus grand, parvenu à l’âge de la raison et du souvenir, avoit vu son père, deux oncles et un frère aîné pendus entre deux chiens, en vertu de la loi… lui dont la cupidité, l’avarice, innées, avoient façonné l’esprit à la ruse, à l’égoïsme, avoient cuirassé le cœur… non, l’avoient desséché ! car Élie Déé sans doute avoit à peine conservé la propriété anatomique de cet organe, principe des artères, siégeant au milieu du thorax, recueillant toutes les veines, et trahissant par ses battemens sa participation à toutes les sensations dont notre espèce est émue ou tourmentée ; son cœur, véritable peau de chagrin raccornie, rongée par d’impuissantes colères, par une