Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/212

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ne ?… Lorsque je t’ai dit qu’un seul amour ou qu’une seule haine occuperoit ma vie, j’avois seize ans ; que s’est-il passé depuis ?… Parjure à mon serment, ai-je pris un époux ?… ai-je, par deux mariages, outragé ta tendresse et ta fidélité ?… Penses-tu, par hasard, que Dieu juge à la manière des hommes, et que, dans une faute ou un crime commis, il ne condamne que le crime lui-même et le bras qui l’a exécuté ?… Dieu verra la pauvre fille éplorée, se tordant dans d’inexprimables angoisses, criant : Ne sois pas parjure, mon Nostredame, ne tue pas la pauvre Laure ! Et du même regard, considérant la cruauté froide de ce Nostredame, qui a menti, qui a trompé, il dira : Celui-ci est vraiment le meurtrier de ces deux femmes !… Il dira cela, entends-tu bien, car dans son infaillible pensée, la responsabilité des crimes pèse plus sur leurs causes que sur leurs effets… Il dira cela, et toi qui parles de supplice du Dante et de cortége infernal, tu y seras dans ce cortége, nous y serons tous deux ! Moi, la coupe du poison dans une main ; toi, dans les deux