Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/214

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l’auréole en feu où repose l’emblème de la virginité humaine, il y a une femme, protectrice des pauvres filles vertueuses et fidèles… Elle entend leurs vœux, et, lorsque la séduction vient souiller lâchement ou leur corps ou leur ame, lorsque l’abandon vient désoler leur existence… elle recueille leurs plaintes, compte leurs soupirs, pèse leurs pleurs ; et chaque ride qui leur croît avant le temps, chaque cheveu qui tombe de leur tête, elle met tout cela dans la balance… Tu vois bien, Nostredame, que ma souffrance l’emporte sur mes fautes !… — Elle arracha sa guimpe, son bandeau ; et ses cheveux, qui n’étoient point rasés, car elle n’avoit pas fait de vœux, tombèrent en flocons de neige sur ses épaules. — Regarde-moi, cria-t-elle en fondant en larmes, et prenant le bras de Nostredame. — Regarde-moi : vingt-cinq ans ajoutés à mes seize ans m’ont donné cent ans, tu le vois : et voilà déjà vingt-deux hivers que tous ces frimas sont tombés sur ma tête… N’as-tu pas de honte de m’avoir rendue si malheureuse ?…

Les forces de Laure de la Viloutrelle étoient