Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/215

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brisées, elle fléchit sur un vieux prie-dieu, et abandonna sa tête sur le pupitre. La clarté rougeâtre des cierges s’alongeoit comme un rayon sur son visage encore bien beau, toujours puissant d’expression, mais bien amaigri, bien pâle ! Nostredame, aussi anéanti que son persécuteur, en étoit à demander à sa raison si cette femme n’avoit pas dit vrai, s’il n’avoit pas à demander pardon à Dieu et à elle.

Ces situations désespérantes se reproduisent dans la vie, il s’y contracte ainsi de ces engagemens d’affection et de haine, qui, commencés à l’entrée du chemin, se continuent jusqu’au terme de la route. Deux êtres se rencontrent, et par l’incident le plus imprévu, par la fatalité la plus étrange, l’un se fait le plus fort, l’autre le plus foible ; l’un prend possession de l’autre, domine ses sensations, son existence entière, réalise la féerie des mauvais génies ; directement, indirectement se place, comme cause participante, dans tous les malheurs de celui que le sort a poussé près de lui : il ne le perdra pas de vue, il réglera même son pas sur le sien ; à quelque place