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Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/256

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vue ?… Je ne sais pas… et je vous dis vrai, je ne sais pas ! car ma lucidité même a la vertu incomplète de toute-puissance humaine : pas une question de ma vie que j’aie pu résoudre ! pas un malheur prêt à m’écraser que ma prévoyance ait aperçu de loin ! aveugle sur ma propre existence, je meurtris ma tête sur tous les murs, je me déchire à tous les buissons, et au terme du voyage, j’arriverai brisé, mutilé, plus que ne le sera chacun de vous ici… Vous avez ri, seigneurs et maîtres ? d’autres riront comme vous, et voudront trouver ma condamnation dans une analyse que je déclare impossible ; — recevez ma profession de foi : je ne veux ni tromper les hommes, ni damner mon ame, ni tenter Dieu !… Après cela, plaignez-moi de ne voir pas encore assez loin pour connaître la sublime vérité !… Plaignez-moi de ne pouvoir me connoître moi-même !

Nostredame se tut ; il y eut un long silence.

— J’aurai eu le tort, dit le premier Rabelais, d’écrire la prognostication pantagrueline