Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/47

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— À l’heure qui n’est pas celle de ton travail, te sens-tu l’impérieux besoin de voir des enfans de ton âge, d’entendre des voix nouvelles ?

— Non, mon père.

— La jeunesse de ta pensée suffira donc à la jeunesse de tes désirs ?

— Je l’espère.

— Ma maison seroit murée, — pour empêcher l’accès d’un monde abominable, — ton cœur ne seroit ni attristé ni effrayé ?

— Non, mon père.

— Enfant, je t’enferme en ma maison, et tu n’en sortiras qu’à l’âge où de cœur et de corps tu pourras lutter contre les méchans. Jusque-là, grandis dans l’isolement et l’oubli complet des autres hommes ; fortifie-toi dans des méditations précoces ; habitue ta raison à vivre d’elle-même… et tiens-toi, mon César, unique trésor réel qui me reste, tiens-toi sous le regard de ton père… assez tôt tu descendras dans les infâmes arènes de la vie… assez tôt tu auras à mesurer du regard les hi-